Page:Stuart Merrill - Prose et vers (1925).pdf/8

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ment français, son art n’a rien ignoré des inépuisables ressources de notre langue ; il s’est plié aux souplesses d’un style à la fois musical et imagé, avec un tact toujours précis et sûr, tout pénétré de la culture et des idées françaises.

Au fonds commun il apportait cependant du nouveau ; non seulement mêlait-il l’apport d’une manière d’être individuelle ou d’une fantaisie particulière à l’attitude d’une époque, mais il y insinuait, dans une mesure extrêmement délicate, un parfum insoupçonné de sensibilité, une netteté neuve de conception, qui lui étaient innés, mais qui, auparavant, n’avaient pénétré aucune œuvre d’inspiration française.

Il y a, aux poèmes si clairs de Merrill, quelque chose qui les distingue des poèmes de tradition uniquement française. L’amalgame est si subtil et si nécessaire qu’on a pu ne pas s’en aviser ; il serait intéressant d’en dégager les éléments.

Le poète d’ici, qu’il soit Lamartine, ou plus anciennement, François Villon, ou, plus récemment, Baudelaire, Leconte de Lisle et jusqu’au Flamand Verhaeren, lorsqu’il chante sa douleur, son découragement, sa joie ou ses espoirs, lorsqu’il tend ses forces propres vers l’amertume des menaces ou vers la magie des