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de terre cuite d’où jaillissait un lys. Ses yeux étaient comme lumineux, sa chevelure jaune comme l’or et sa robe était verte comme l’espérance.

Et elle s’arrêtait à toutes les fontaines pour y puiser l’eau dont avait besoin son lys. Mais les fontaines étaient taries par suite de la chaleur, et nulle pluie ne s’égrenait du ciel, et le lys se flétrissait.

La jolie petite fille s’arrêta donc à toutes les auberges du chemin pour y mendier un peu d’eau. Mais les puits étaient secs, et on ne lui donnait que du vin qu’elle payait par un baiser quand une légère ivresse ternissait son regard.

Le lys n’était plus qu’une tige sans fleur, la petite fille avait parcouru toute la contrée à la recherche d’une goutte d’eau. Elle avait goûté à tous les vins, elle avait payé par tous les baisers. Un soir, elle comprit que le lys allait mourir.

Alors elle s’arrêta au bord du chemin, posa le pot de grès rouge dans la poussière brûlante, s’agenouilla penchée sur la fleur mystique qui n’était plus qu’un [lacune][1] et l’arrosa malgré elle de ses larmes.

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Mon âme est une pauvre salle de bal comme on

  1. Mot en blanc dans le texte.