Page:Stirner - L’Unique et sa propriété, trad. Reclaire, 1900.djvu/121

Cette page n’a pas encore été corrigée

force contre eux, il finit par succomber à leur puissance et par être régi par des — pensées.

Tel est le sens de la Hiérarchie : La Hiérarchie est la domination de la pensée, la royauté de l’Esprit.

Jusqu’à ce jour nous sommes restés hiérarchiques, opprimés par ceux qui s’appuient sur des pensées. Les pensées sont le sacré.

Mais, à chaque instant, le civilisé se heurte au barbare et le barbare se heurte au civilisé, et cela non seulement à l’occasion de la rencontre de deux hommes, mais chez un seul et même homme. Car nul docte n’est si docte qu’il ne prenne quelque plaisir aux choses, et ce faisant il agit en barbare, et nul barbare n’est absolument sans pensée. C’est par Hegel qu’a été mise en lumière l’ardente aspiration de l’homme le plus cultivé, le plus intellectuel, vers les objets, et son horreur pour toute « théorie creuse ». Aussi la réalité, le monde des objets, doit-elle correspondre complètement à la pensée, et nul concept ne doit-il être sans réalité. C’est ce qui a fait appeler objectif le système de Hegel, de préférence à toute autre doctrine, parce que la pensée et l’objet, l’idéal et le réel, y fêtaient leur réunion. Ce système n’est néanmoins que l’apothéose de la pensée, son ascension à l’empire suprême et universel ; c’est le triomphe de l’Esprit, et en même temps le triomphe de la Philosophie. La philosophie ne peut s’élever plus haut, elle atteint le point culminant de sa course lorsqu’elle aboutit à la toute-puissance, l’omnipotence de l’Esprit .


Les hommes selon l’esprit se sont mis en tête un but qui doit être réalisé. Ayant les notions d’Amour, de Bien, etc., ils voudraient faire de ces concepts des