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IX

L’expérience de Byfield.


Durant les premiers instants, Byfield fut entièrement absorbé par la manœuvre du ballon : et, quant à moi, je n’avais d’autre préoccupation que de reprendre mon souffle. Encore y travaillais-je sans grand succès, lorsque, soudain, j’entendis derrière moi une voix qui parlait, et cette voix n’était pas celle de l’aéronaute !

« Je vous prends à témoin, monsieur Byfield… »

Que le lecteur m’excuse, en songeant à l’état où je me trouvais ! Pendant six jours, j’avais été littéralement ballotté de danger en danger ; pour la première fois je croyais avoir obtenu un peu de répit et voici que, jusque dans ce ballon !… Le fait est que je me mis à trembler, comme une aiguille dans une boussole.

Sur le plancher de la nacelle, à mes pieds, émergeant péniblement d’un tas de plaids et de manteaux, apparut d’abord une main qui brandissait un chapeau de castor tout mouillé, puis un visage à lunettes où se lisaient à la fois une grande douceur naturelle et une vive indignation subite, — et enfin la figure entière d’un petit homme habillé de noir. Le petit homme se dressa sur les genoux, les mains appuyées au plancher, et contempla l’aéronaute, par-dessus ses lunettes, avec un monde de reproches dans ses bons gros yeux.

« Je vous prends à témoin, monsieur Byfield !.. »

Dès le premier coup d’œil sur ce compagnon, imprévu,