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Street et de York Place. L’Université se trouvait représentée en nombre : onze personnes, y compris nous deux, l’aéronaute Byfield, et un garçon d’une longueur immense, nommé Forbes, que je reconnus pour l’avoir rencontré, tout arrosé de suif, le dimanche matin, au Repos du Chasseur. Mon introducteur fit les présentations d’usage, et nous nous mîmes en route, en passant par Newhaven et le bord de la mer, à travers de charmants sentiers, le long d’une suite de petites baies ravissantes, pour parvenir enfin à notre destination, Cramond sur l’Almond, un hameau au bord d’une rivière, tout entouré de bois, et d’où l’on avait vue sur une sorte d’îlot de sable planté dans la mer. Un paysage en miniature, mais, dans son genre, délicieux. L’air de cette belle après-midi de novembre était vif, sans être trop froid. Pendant tout le trajet, mes compagnons ne cessèrent point de chanter, de rire, de faire des calembours ; et moi, avec l’impression qu’un fardeau s’était détaché de mes épaules, je riais et chantais comme le plus gai d’entre eux.

De toute la troupe qui m’entourait, l’aéronaute Byfield me frappa le plus : mais simplement parce que je connaissais d’avance son nom, et avais lu sur les murs les affiches annonçant sa prochaine ascension : car, personnellement, il était tout à fait dépourvu d’intérêt. C’était un homme sombre, bilieux, de manières froides, et assez peu bavard, ce qui ne l’empêcha point de m’honorer de sa conversation.

Nous trouvâmes à Cramond une hôtellerie, dont l’apparence extérieure n’avait au reste rien d’engageant, mais où une grande chambre avait été préparée pour nous recevoir. Et nous nous mimes à table.

« Je dois vous prévenir, monsieur, que vous n’aurez pas ici de filets de tortue ni de langues de rossignol ! déclara mon extravagant ami (dont le nom, soit dit en passant, était Dalmahoy). Sachez, monsieur, que la devise de l’université de Cramond est : « Manger simplement et boire abondamment ! »