Page:Stevenson - Saint-Yves.djvu/270

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

m’étais bien promis de ne rien faire pour l’aider à se délivrer de sa commission.

« Le fait est, commença-t-il, que j’aimerais à être seul avec vous !

— Rien de plus simple répondis-je. Rowley, mon ami, allez-vous-en dans la chambre à coucher ! Mais, repris-je en m’adressant à Ronald, savez-vous que vous avez une mine bien sérieuse ? Pas de mauvaises nouvelles, j’espère ?

— Je vais être tout à fait franc avec vous ! dit-il. Eh bien ! je suis très ennuyé !

— Et je gage que je sais pourquoi ! m’écriai-je. Et je gage que j’ai le moyen de vous tirer d’embarras !

— Que voulez-vous dire ? demanda-t-il.

— Votre tante vous tient trop à l’étroit, répondis-je, vous avez quelques petites dettes, et cela vous rend la vie difficile ? En vérité, vous ne pouviez pas mieux tomber ! Si cent livres sterling, deux cents, au besoin, peuvent vous être de la moindre utilité, dites-le ! je les tiens à votre service.

— C’est tout à fait bon de votre part ! dit Ronald. Et je dois reconnaître, en effet, mais du diable si je sais comment vous l’avez deviné, que j’ai un petit arriéré qui me tourmente un peu. Mais ce n’est point de cela que je suis venu vous parler.

— Oh ! je le pense bien ! fis-je. La chose ne vaut pas la peine qu’on en parle ! Mais rappelez-vous, Ronald, que vous m’avez rendu un de ces services qui obligent pour le reste d’une vie ! Et puisque j’ai eu la bonne fortune d’acquérir une somme d’argent assez considérable, obligez-moi, à votre tour, en considérant ce qui est à moi comme étant à vous !

— Non, non, dit-il, je ne prendrai pas cet argent ! Réellement, je ne le peux pas ! Voyez-vous, je suis venu pour une affaire toute différente. C’est au sujet de ma sœur, Saint-Yves ! »

Et il secoua la tête en me regardant d’un air de menace.

« Vous êtes tout à fait sûr que vous ne pouvez pas ac-