Page:Stevenson - Saint-Yves.djvu/166

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ses intérêts et sont, peut-être, à ses gages : Dawson, par exemple.

— J’en ai toujours eu l’idée ! s’écria Romaine. Et d’ailleurs, ajouta-t-il après avoir de nouveau écouté, de toute façon, il serait trop tard ; voici votre cousin entré dans la maison ! »

Avec une anxiété singulière, nous nous mîmes à écouter les différents bruits qui, l’un après l’autre, s’éveillaient dans la maison silencieuse. Le bruit de la porte s’ouvrant et se fermant, le bruit de pas s’approchant ou s’éloignant. Évidemment, l’arrivée de mon cousin était, pour toute la maison, une affaire considérable. Et, soudain, parmi ce murmure confus et distinct, nous discernâmes un pas rapide et léger. Nous l’entendîmes monter l’escalier, s’approcher le long du corridor, s’arrêter à notre porte, où il fut suivi d’un coup hâtif à la fois et discret.

« Monsieur Anne, monsieur, c’est moi ! » murmura la voix de Rowley.

Nous fîmes entrer mon valet et surveillâmes de nouveau la porte, derrière lui. Le pauvre garçon était à bout de souffle.

« C’est lui, monsieur ! fit-il. Il est arrivé !

— Vous voulez dire le vicomte ? répondis-je. C’est bien ce que nous avons tout de suite supposé. Mais allons, Rowley, continuez votre histoire ! Vous en avez plus long à nous dire, je le vois à votre visage.

— Monsieur Anne, c’est vrai ! dit-il. Mais, d’abord, M. Romaine est votre ami, n’est-ce pas ?

— Oui, Georges, je suis l’ami de ton maître ! » dit Romaine. Et, à ma grande surprise, il posa sa main sur mon épaule.

« Eh bien ! voici ce qui en est ! dit Rowley. M. Powl m’a parlé ! Il veut que je joue à l’espion. Il veut que je lui dise d’avance tout ce que vous ferez. Il m’a donné ceci comme arrhes ! — ajouta-t-il en nous montrant une demi-guinée. — Et je l’ai pris, vous voyez !

— Je crois bien que ce garçon vous sera fidèle ! me dit