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contre lui. Je me jurai de racheter le passé, et je puis déclarer honnêtement que ma résolution produisit de bons fruits. Vous avez vu vous-même comment je m’efforçai, durant les dernier ? mois de l’année dernière, de soulager l’infortune ; vous savez tout ce que je fis pour les autres. Mes jours s’écoulaient très calmes, et je ne dirai pas que je me sois lassé de cette vie féconde et innocente ; je crois au contraire que, de jour en jour, j’en jouissais plus pleinement. Mais cette malédiction, la dualité de but, continuait à peser sur moi ; ma pénitence n’était pas accomplie que déjà mon moi inférieur se remettait à élever la voix ; non que l’idée de ressusciter Hyde pût jamais me revenir, elle m’eût épouvanté au contraire. Non, ce fut sous ma forme accoutumée que je fus tenté, une fois de plus, de transiger avec ma conscience ; je succombai à la façon d’un coupable ordinaire, en secret, et après une certaine résistance.

« Hélas ! tout finit, la mesure la plus largo se remplit à la fin. Cette courte faiblesse acheva de détruire la balance de mon âme… Je ne m’effrayai pas cependant ; cette chute semblait naturelle : c’était comme un retour au vieux temps, alors que je n’avais pas encore fait ma découverte. Écoutez ce qui m’arriva ;