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— Je crois que je devine, dit Utterson. Mon pauvre ami est atteint, sans doute, d’une maladie qui le défigure autant qu’elle le fait souffrir, et qu’il veut dérober à tous les yeux. De là ce masque qu’il porte pour dissimuler quelque plaie affreuse, de là l’extraordinaire altération de sa voix et l’impatience qu’il a de trouver un remède qui puisse le soulager.

— Non, Monsieur, dit Poole résolument, cet être-là n’était pas mon maître ; mon maître est grand, solide, celui-là n’était guère qu’un nain. Parbleu ! depuis vingt ans, je le connais assez, mon maître ! Non, l’homme au masque n’était pas le docteur, et, si vous voulez que je vous dise ce que je crois, un meurtre a été commis.

— Puisque vous parlez ainsi, Poole, mon devoir est de m’assurer des faits. J’enfoncerai cette porte. »

Les deux hommes se munissent d’une hache et d’un tisonnier ; ils envoient un valet de pied robuste garder la porte du laboratoire. Une dernière fois, Utterson écoute. Le bruit d’un pas léger se fait à peine entendre sur le tapis.

« Tout le jour et une bonne partie de la nuit, il marche ainsi de long en large, dit le vieux domestique ; une mauvaise conscience ne se repose pas. Et une fois,… une fois, j’ai entendu qu’il