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que je ne voulais pas vous effrayer ; d’ailleurs vous n’avez rien à craindre d’un serviteur aussi dévoué que moi. Croyez-le, je n’ai ni la liberté ni le choix des moyens. Je sens que nous avons beaucoup d’intérêts communs, mais sans comprendre rien de plus. Je suis dans les ténèbres, dans l’impossibilité d’agir, ignorant même qui sont mes amis ou mes ennemis. »

La jeune fille murmura :

« Je ne sais qui vous êtes.

— Ah ! si, Mademoiselle, vous le savez, et bien mieux que moi-même. Sur ce point surtout, daignez m’éclairer : dites-moi… poursuivit-il en suppliant, qui suis-je ? qui êtes-vous ? et comment nos destinées sont-elles entremêlées ? Venez à mon secours, Mademoiselle, un mot, un seul mot, le nom de mon père, si vous voulez ; et ma reconnaissance sera sans bornes.

— Je ne veux pas vous tromper, répondit la jeune fille. Je sais qui vous êtes, mais je ne suis pas autorisée à vous l’apprendre.

— Dites au moins, alors que vous me pardonnez mon audace, et j’attendrai aussi patiemment que je pourrai. Puisque le sort me condamne à une ignorance cruelle, je me soumets ; mais n’ajoutez pas à mes angoisses la crainte de vous avoir pour ennemie.