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Utterson demande par écrit des explications à Jekyll ; une réponse très embrouillée lui parvient, dans laquelle le docteur exprime son intention de se condamner désormais à une retraite absolue.

Que faut-il supposer ? Quelle catastrophe a donc pu survenir ? L’idée de la folie se présente de nouveau à l’esprit du notaire ; les paroles de Lanyon impliqueraient cependant tout autre chose. Il voudrait interroger de nouveau le vieux savant, mais il n’en a pas l’occasion, car, en une quinzaine de jours, cet homme d’une si haute valeur morale et intellectuelle succombe. Il laisse à Utterson un paquet scellé qui ne doit être ouvert par lui qu’après la disparition du docteur Jekyll. Pour la seconde fois, ce mot de disparition, déjà tracé dans le testament, se trouve accouplé au nom de Jekyll. Utterson contient à grand’peine sa curiosité, mais le respect qu’il doit à la volonté expresse d’un mourant le décide à laisser dormir les papiers dans un tiroir.

Souvent il va prendre des nouvelles du docteur. Le fidèle Poole lui dit toujours que son maître ne sort plus de ce cabinet mystérieux, au-dessus du laboratoire, qu’il ne parle guère, ne lit plus et paraît absorbé dans de tristes pensées. Un jour, Utterson s’avise de pénétrer dans