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cide enfin à faire part de son inquiétude au docteur Lanyon. En entrant chez celui-ci, il est stupéfait de le trouver changé, affaibli, presque mourant :

« Un coup terrible m’a frappé, explique Lanyon, je ne m’en relèverai jamais ; ce n’est plus qu’une question de semaines. Eh bien, je ne me plains pas de la vie,… je l’ai trouvée bonne,… mais,… si nous savions tout, nous serions plus satisfaits de nous en aller.

— Jekyll est malade, lui aussi, » commente Utterson.

À ce nom, la figure de Lanyon s’altère davantage encore ; il lève une main tremblante :

« Que je n’entende plus parler du docteur Jekyll, dit-il avec emportement. Il est mort pour moi.

— Vous lui en voulez encore ? s’écrie Utterson étonné. Songez que nous sommes trois bien vieux amis, Lanyon, et que les intimités de jeunesse ne se remplacent pas.

— Inutile d’insister. Demandez-lui plutôt à lui-même…

— Mais il ne veut pas me recevoir…

— Cela ne m’étonne pas ! Un jour ou l’autre, quand je ne serai plus, vous apprendrez la vérité. Jusque-là, qu’il ne soit jamais question entre nous d’un sujet que j’abhorre. »