Page:Stevenson - Les Nouvelles Mille et Une Nuits, trad. Bentzon.djvu/236

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vous verriez ce qu’elle est, même pour vous. Une ingrate, une fourbe, j’en jurerais ! »

Le général recommença son attaque désordonnée sur le marteau, et, sa colère croissant avec l’attente, se mit à donner des coups de pied et des coups de poing dans les panneaux de la porte.

« Il est heureux, fit observer la jeune fille, que je sois seule dans la maison ; votre général peut frapper jusqu’à ce qu’il se fatigue, personne n’est là pour lui ouvrir. Suivez-moi ! »

En prononçant ces mots, elle emmena Harry à la cuisine, où elle le fit asseoir, et elle-même se tint auprès de lui, une main sur son épaule, dans une attitude affectueuse. Bien loin de s’apaiser, le tapage augmentait d’intensité, et, à chaque nouveau coup, l’infortuné secrétaire tremblait jusqu’au fond du cœur.

« Quel est votre nom ? demanda la jeune femme de chambre.

— Harry Hartley, répondit-il.

— Le mien, continua-t-elle, est Prudence. L’aimez-vous ?

— Beaucoup, dit Harry. Mais, écoutez comme le général frappe à la porte. Il l’enfoncera certainement, et alors qu’ai-je à attendre sinon la mort ?