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cette journée brûlante, il y avait des chances pour que son beau teint rose fût compromis ; d’ailleurs, traverser une si grande partie de Londres avec un carton sous le bras, c’était une humiliation presque insupportable pour un jeune homme de son caractère. Il s’arrêta et tint conseil avec lui-même. Les Vandeleur demeuraient sur Eaton Place ; le but de sa course était près de Notting-Hill ; à la rigueur, il pouvait, à cette heure matinale, traverser le parc, en évitant les allées fréquentées.

Impatient de se débarrasser de son fardeau, il marcha un peu plus vite qu’à l’ordinaire, et il était déjà à une certaine profondeur dans les jardins de Kensington, quand, sur un point solitaire au milieu des arbres, il se trouva face à face avec le général.

« Je vous demande pardon, dit Harry se rangeant de côté, car Sir Thomas Vandeleur était juste dans son chemin.

— Où allez-vous, Monsieur ? demanda l’homme terrible.

— Je fais une petite promenade », répondit le secrétaire.

Le général frappa le carton de sa canne.

« Avec cette chose sous le bras ? s’écria-t-il. Vous mentez, Monsieur, vous savez que vous mentez.