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favori, il continua sans scrupules à profiter d’une négligence si favorable à sa frivole curiosité.

Le jour suivant, Mme  Zéphyrine reçut la visite d’un homme grand et fortement charpenté, d’une cinquantaine d’années ou peut-être davantage, que Silas n’avait encore jamais vu. Son costume de tweed et sa chemise de couleur, non moins que ses favoris hérissés, indiquaient un Anglais ; son œil gris et morne produisit sur Silas une sensation de froid. Pendant tout l’entretien, qui eut lieu à voix basse, le jeune Américain resta l’oreille tendue, la figure plaquée contre l’ouverture traîtresse. Plus d’une fois, il lui sembla que les gestes des deux interlocuteurs désignaient son propre appartement ; mais la seule phrase complète qu’il pût recueillir, en y apportant une scrupuleuse attention, fut cette remarque faite par l’Anglais sur un ton un peu plus haut, comme s’il eût combattu quelque hésitation ou quelque refus :

« J’ai étudié ses goûts à fond, et je vous répète que vous êtes l’unique femme sur laquelle je puisse compter. »

Pour toute réponse, Mme  Zéphyrine prit l’air triste et résigné, d’une personne qui cède à une autorité absolue.