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LE ROMAN DU PRINCE OTHON

opinion de moi, je !… Elle poussa un long : « Oh ! » et se tut.

Sir John tira le cordon de la voiture, mit pied à terre, et lui offrit la main pour descendre ; mais elle refusa son aide.

La route était maintenant sortie des vallées par lesquelles elle se déroulait, et en était arrivée à cette portion qui contourne en corniche le front abrupt de Grunewald sur cette frontière septentrionale. L’endroit où ils se trouvaient était à un angle saillant ; une roche hardie et quelques sapins tordus par le vent le surplombaient. À leurs pieds la plaine bleue s’étendait au loin, et allait se fondre dans le ciel ; en avant la route allait grimpant par une succession de zigzags vers le donjon, campé sur une roche élevée qui bouchait la vue de ce côté.

— Là, dit le baronnet, indiquant la tour du doigt, vous voyez votre but, le Felsenburg. Je vous souhaite un bon voyage, et regrette de ne pas pouvoir vous être plus utile.

Il remonta à sa place, donna le signal, et la voiture partit.

Séraphine demeura au bord de la route, regardant sans voir, droit devant elle. Sir John était déjà relégué hors de ses pensées ; elle le détestait, cela était suffisant, car tout ce que Séraphine détestait ou méprisait tombait à l’instant même dans les proportions lilliputiennes, et cessait dès lors d’occuper son attention. En ce moment elle était du reste bien autrement préoccupée. Cette dernière entrevue avec Othon, entrevue qu’elle ne lui avait pas encore pardonnée, commençait à