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LE ROMAN DU PRINCE OTHON

— Remettez-vous, dit-il. Et certes, il lui offrait en son propre maintien un bel exemple de sang-froid. Ma berline est là, toute proche, et j’aurai, je l’espère, du moins, le divertissement rare d’enlever une princesse souveraine.

— Sir John ! fit-elle enfin.

— Aux ordres de Votre Altesse, répliqua-t-il.

Elle se leva vivement. — Oh ! venez-vous de Mittwalden ? s’écria-t-elle.

— J’en suis parti ce matin même, dit-il. Et s’il existe quelqu’un qui ait encore moins de chance que vous d’y jamais retourner, — le voici devant vous.

— Le baron… commença-t-elle. Puis elle s’arrêta.

— Madame, répondit Sir John, le motif était bon, et vous êtes une véritable Judith. Néanmoins, après les heures qui se sont écoulées depuis cet épisode, ce sera sans doute un soulagement pour vous d’apprendre qu’il ne va pas trop mal. Je fus prendre de ses nouvelles ce matin avant de partir. Pas trop mal, c’est ce qu’on m’a dit, mais il souffre vivement. Eh ! oui… vivement : on entendait ses gémissements de l’autre chambre.

— Et le prince, demanda-t-elle, en sait-on quelque chose ?

— L’on prétend, répliqua Sir John, toujours avec cet air délibéré dans lequel il se complaisait, que sur ce point-là votre Altesse est la mieux informée.

— Sir John, dit-elle vivement, vous fûtes assez généreux, il y a un instant, pour m’offrir votre voiture. Menez-moi, je vous en supplie,