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LE ROMAN DU PRINCE OTHON

le pensait la Rosen, et maintenant avait sonné l’heure de la victoire… victoire sur toute la ligne.

— Vous n’êtes pas à mon service, que je sache, madame de Rosen, dit Séraphine.

— Non, Madame, en vérité, répliqua la comtesse. Mais toutes deux nous servons le même maître, comme vous le savez ; ou, si vous ne le savez pas, j’ai alors le plaisir de vous en informer. Votre conduite est si légère… si légère, répéta-t-elle — et l’éventail, comme un papillon, flotta un peu plus haut, — qu’il se peut bien que vous ne compreniez pas.

La comtesse replia son éventail, le plaça sur ses genoux, et se redressa dans une position moins langoureuse. — En vérité, continua-t-elle, j’aurais regret de voir n’importe quelle jeune femme dans votre situation. Vous avez débuté possédant tous les avantages, la naissance, un mariage excellent… tout à fait jolie, même, et voyez où vous en êtes venue ! Ma pauvre enfant, quand on y songe ! Mais il n’est rien au monde, observa la comtesse d’un grand air, qui produise autant de maux que l’étourderie. — Elle rouvrit l’éventail et s’éventa avec complaisance.

— Je ne vous permettrai pas plus longtemps de vous oublier ainsi ! s’écria Séraphine. Je crois vraiment que vous êtes folle.

— Folle ? Non, répliqua la Rosen. Assez saine d’esprit pour savoir que vous n’oserez pas rompre avec moi ce soir, et pour profiter de ce savoir. J’ai laissé mon pauvre joli Prince Charmant pleurant à chaudes larmes pour sa poupée de cire. J’ai le cœur tendre, moi. J’aime mon joli prince. Vous,