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LE ROMAN DU PRINCE OTHON

révolution, répondit froidement le prince. Et maintenant, ajouta-t-il, qu’en concluez-vous ?

— Je conclus, Votre Altesse, par une simple réflexion, dit le baron qui reçut la botte sans broncher. La guerre est populaire : que la rumeur en soit contredite demain, et beaucoup de classes en ressentiront un désappointement considérable. Étant donnée la tension présente des esprits, la plus petite émotion pourrait suffire à précipiter les événements : là est le danger. La révolution est imminente ; nous sommes assis, autour de cette table de conseil, sous l’épée de Damoclès.

— Alors réunissons nos têtes, dit le prince, et trouvons quelque moyen honorable d’obtenir la sécurité !

Jusqu’ici, depuis que la première note d’opposition était sortie des lèvres du bibliothécaire, c’est à peine si Séraphine avait prononcé vingt mots. Le visage un peu échauffé, les yeux baissés, battant nerveusement de temps à autre du pied sur le parquet, elle s’était tue, et avait héroïquement contenu sa colère. Mais à ce point de l’escarmouche elle perdit le contrôle de sa patience.

— Trouver quelque moyen ! s’écria-t-elle. Eh ! les moyens étaient déjà tout trouvés et préparés, avant même que vous en sussiez le besoin ! Allons, signez cette dépêche, et finissons-en !

— Madame, répondit Othon en saluant, j’ai dit quelque moyen honorable. Cette guerre, à mes yeux et d’après le rapport même de M. de Gondremark, est un expédient inadmissible. Si nous avons mal gouverné ce pays de Grunewald, faut-il que les gens de Gérolstein saignent et