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LE ROMAN DU PRINCE OTHON

prince devrait savoir. Vous jouez là un rôle odieux. Et vous croyez à ces rumeurs ?

— Madame !… Serais-je ici ? dit Othon.

— C’est ce que je veux savoir, s’écria-t-elle ; et la tempête de son mépris redoubla de violence. Si vous y croyiez, à ces rumeurs ?…

— Je regarderais comme étant de mon devoir, répondit-il, de supposer le contraire.

— Je le savais ! Oh ! dit-elle, vous êtes fait de bassesse !

— Madame, s’écria-t-il, courroucé enfin, en voici assez ! Vous vous obstinez à vous méprendre sur mon attitude ; vous lassez ma patience ! Au nom de vos parents, en mon propre nom, je vous somme d’être plus prudente.

— Est-ce une requête, monsieur mon mari ? demanda-t-elle.

— Si je le voulais, je pourrais commander, Madame, dit Othon.

— Vous pourriez, Monsieur, selon la loi, me faire mettre en prison, répliqua Séraphine. À cela près, vous ne pouvez rien.

— Ainsi vous allez continuer comme auparavant ?

— Comme auparavant, précisément ! dit-elle. Sitôt cette comédie jouée, je requerrai le baron de Gondremark de me rendre visite. Est-ce clair ? ajouta-t-elle en se levant. Pour ma part, j’ai fini !

— Alors, Madame, je vous demanderai de m’octroyer une faveur, dit Othon, palpitant de colère par tout son être, J’aurai à vous demander de vouloir bien, en ma compagnie, rendre visite à une autre partie de ma pauvre demeure. Eh ! rassurez-vous, cela ne prendra pas longtemps et