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LE ROMAN DU PRINCE OTHON

qui est bien amusant, il faut l’avouer. Par exemple, si je vous racontais que la princesse et le baron sortent à cheval ensemble tous les jours pour inspecter les canons, cela serait, selon la tournure de ma phrase, de la politique ou du commérage. Je suis l’alchimiste qui dirige la transmutation. Depuis votre départ ils ont été partout ensemble,… continua-t-elle ; et ses yeux brillèrent, quand elle vit Othon se rembrunir. Ceci n’est qu’un petit caquet malicieux… Et partout on les a acclamés : ajoutez cela, et le tout devient une nouvelle politique.

— Parlons d’autre chose, dit Othon.

— J’allais le proposer, répondit-elle. Ou plutôt j’allais poursuivre la politique. Cette guerre est fort populaire, le croiriez-vous ? Assez, du moins, devrais-je dire, pour que l’on ait acclamé la princesse Séraphine.

— Tout est possible, Madame. Entre autres choses il est possible que nous nous préparions à la guerre. Mais je vous donne ma parole d’honneur que je ne sais pas avec qui.

— Et vous supportez cela ! s’écria-t-elle. Je n’ai aucune prétention à la moralité ; je confesse que j’ai toujours eu l’agneau en abomination et chéri un sentiment romanesque pour le loup. Oh ! finissez-en avec votre rôle d’agneau ! Laissez-nous voir que nous avons un prince, car je suis lasse de la quenouille !

— Madame, dit Othon, je croyais que vous apparteniez à l’autre faction.

— Je serais de la vôtre, mon prince, si seulement vous en aviez une, répliqua-t-elle. Est-il donc