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Ce vieux gentleman, voyant arriver la barque errante, avait imaginé de venir discrètement jeter un coup d’œil sur l’aquarelle de miss Hazeltine. Mais voilà que, d’un seul coup de pierre, il avait attrapé deux oiseaux ; et son premier mouvement avait été pour se fâcher, ce qui d’ailleurs était son mouvement naturel. Mais bientôt, à la vue du jeune couple rougissant et effrayé, son cœur consentit à se radoucir.

— Parfaitement, elle est raide ! répétait-il. Vous avez l’air de compter bien sûrement sur votre oncle Edouard ! Mais voyons, Gédéon, je croyais vous avoir dit de vous tenir au large de nous ?

— Vous m’avez dit de me tenir au large de Maidenhead ! répondit Gédéon. Mais comment pouvais-je m’attendre à vous retrouver ici ?

— Il y a du vrai dans ce que vous dites ! admit M. Bloomfield. C’est que, voyez-vous, j’ai cru préférable de cacher notre véritable destination, même à vous ! Ces ténébreux coquins, les Finsbury, auraient été capables de vous l’arracher de force. Et c’est encore pour les dépister que j’ai hissé sur mon yacht cet abominable drapeau étranger ! Mais ce n’est pas tout, Gédéon ! Vous m’avez promis de vous mettre au travail : et je vous retrouve ici, à Padwick, en train de faire l’imbécile !