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qu’aux mesures les plus extrêmes, si son avoué ne l’en avait retenu.

— Jamais vous ne parviendrez à tirer du sang d’une pierre ! lui avait dit, judicieusement, cet homme de loi.

Et Maurice comprit la justesse du proverbe, et se résigna à passer un compromis avec son oncle. D’un côté, Joseph renonçait à tout ce qu’il possédait, et reconnaissait à son neveu une forte part dans la tontine, qui commençait à devenir une spéculation des plus sérieuses ; de l’autre côté, Maurice s’engageait à entretenir à ses frais son oncle ainsi que miss Hazeltine (dont la petite fortune avait disparu avec le reste), et à leur servir, à chacun, une livre sterling par mois, comme monnaie de poche.

Cette subvention était plus que suffisante pour les besoins du vieillard. On a peine à comprendre comment, au contraire, elle pouvait suffire à la jeune fille, qui avait à se vêtir, à se coiffer, etc., sur ce seul argent ; mais elle y parvenait, Dieu sait par quel moyen, et, chose plus étonnante encore, elle ne se plaignait jamais. Elle était d’ailleurs sincèrement attachée à son gardien, en dépit de la parfaite incompétence de celui-ci à veiller sur elle. Du moins ne s’était-il jamais montré dur ni méchant à son égard, et, en fin de