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risquait de constituer, pour l’assaillant, un obstacle sérieux. Mais, dès cette première escarmouche, l’intelligence affirma son triomphe sur la matière. Maurice se rappela que son oncle défunt avait, dans sa bibliothèque, un petit escalier mobile, sur lequel il faisait monter Julia pour prendre des livres aux rayons supérieurs. Il courut chercher ce précieux instrument de guerre, et bientôt, avec le hache-viande, il eut la joie de décapiter son stupide ennemi.

Deux heures plus tard, ce qui avait été l’image d’un immense portefaix n’était plus qu’un informe amas de membres brisés. Le torse s’appuyait contre le piédestal, le visage tournait son ricanement vers l’escalier du sous-sol ; les jambes, les bras, les mains, gisaient pêle-mêle dans la paille, encombrant le vestibule. Une demi-heure plus tard encore, tous les débris se trouvaient déposés dans un coin de la cave ; et Maurice, avec un délicieux sentiment de triomphe, considérait la scène où avaient eu lieu ses exploits. Oui, désormais, il allait pouvoir nier en toute sécurité : rien dans le vestibule, à cela près qu’il était dans un état de délabrement extraordinaire, ne trahissait plus le passage d’un des plus gigantesques produits de la sculpture antique. Mais ce fut un Maurice bien fatigué qui, vers une heure