Page:Stevenson - Le Cas étrange du docteur Jekyll.djvu/238

Cette page a été validée par deux contributeurs.

se traça en imagination la scène qui s’ensuivrait le matin quand on trouverait son corps.

Il passa en revue toutes ses chances, tournant et retournant son blanc entre le pouce et l’index. Malheureusement, il était en de mauvais termes avec de vieux amis qui auraient pu avoir pitié de lui dans une telle calamité. Il avait écrit des satires contre eux en vers, il les avait battus et dupés, et pourtant, en se sentant serré de si près, il pensait qu’il y en avait un au moins parmi eux qui peut-être s’attendrirait. C’était une chance à courir, mais elle valait la peine d’essayer, et il irait voir.

En chemin il lui arriva deux petits incidents qui apportèrent une autre couleur à sa rêverie. D’abord, il tomba sur les pas d’une patrouille qu’il suivit pendant quelques centaines de mètres, quoiqu’elle allât dans une direction opposée à sa route. Cela le rassura