Page:Stevenson - Enlevé !.djvu/81

Cette page a été validée par deux contributeurs.

mon pauvre père pouvait avoir de commun avec la maison des Shaws ?

— Parbleu ! fit M. Campbell, qui peut le dire avec quelque certitude ? Mais le nom de cette famille, David, mon garçon, c’est le nom que vous portez, Balfour de Shaws, une famille ancienne, honnête, de bonne réputation, peut-être déchue en ces derniers temps.

Votre père, lui aussi, était un homme instruit, ainsi qu’il convenait à sa situation ; personne ne s’entendait mieux à la direction d’une école ; il n’avait cependant rien des manières et du langage d’un magister ordinaire.

Au contraire, ainsi que vous vous en souvenez vous-même, je prenais un vrai plaisir à l’avoir au presbytère quand il me venait de la noblesse ; et ceux de ma propre famille, les Campbell de Kilrennet, les Campbell de Dunswire, les Campbell de Minch, et d’autres, tous gentilshommes de bonne lignée, étaient charmés de sa société.

Enfin, pour grouper sous vos yeux tous les éléments de l’affaire, voici la lettre qui sert de testament, souscrite de la main même de votre père défunt.....

Il me donna la lettre dont l’adresse était ainsi conçue :

« À remettre en personne à Ebenezer Balfour, esquire de Shaws, en sa maison de Shaws, par mon fils, David Balfour. »

Mon cœur battit fortement à la perspective grandiose qui s’ouvrait tout à coup devant moi, un jeune garçon de seize ans, fils d’un pauvre maître d’école de campagne dans la forêt d’Ettrick.

— M. Campbell, dis-je en bégayant, iriez-vous, si vous étiez dans mes souliers ?

— Oh ! sans aucun doute, répondit le ministre, sûrement j’irais, et sans retard.