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si vous ne goûtez pas le premier sermon, je crois bien que le second ne vous plaira pas davantage. Vous avez été mis en fuite en bataille rangée par les hommes faits de mon pays, et ce me semble un misérable jeu que de tenir tête à un enfant. Vous avez été battu à la fois par les Campbells et par les Whigs. Vous avez couru devant eux comme un lièvre. Il convient donc que vous parliez d’eux comme de gens qui valent mieux que vous.

Alan se tint parfaitement immobile, les longues basques de son habit battant derrière lui au souffle du vent.

— C’est malheureux ! dit-il enfin. Il y a des choses qu’on ne peut laisser passer.

— Je ne vous ai jamais demandé de les oublier ; je suis prêt à vous en rendre compte.

— Prêt ! s’écria-t-il !

— Oui, prêt, répétai-je. Je ne suis pas un vantard, un bravache, comme certaines gens que je pourrais nommer. Allons !

Et tirant mon épée, je me mis en garde comme Alan lui-même m’avait appris à le faire.

— David, s’écria-t-il, êtes-vous fou ? Je ne peux pas dégainer contre vous : ce serait un véritable assassinat.

— C’était bien votre but, quand vous m’insultiez, dis-je.

— C’est pourtant vrai, s’écria Alan, qui resta un instant immobile, tourmentant sa bouche de sa main, comme un homme cruellement embarrassé.

C’est la pure vérité, reprit-il en tirant son épée.

Mais avant que je puisse toucher celle-ci de ma lame, il l’avait jetée à terre, et s’était lui-même jeté sur le sol.

— Non ! non ! répétait-il, je ne peux pas, je ne peux pas.