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— Il y a un passage quelque part, je suppose ? demanda le capitaine.

— Sans aucun doute, dit Alan, mais où ? Cependant j’ai dans l’esprit quelque idée vague qu’il y a plus d’espace libre vers la terre.

— Vrai ! dit Hoseason, nous aurons alors à repiquer dans le vent. Monsieur Riach, il faudra que nous portions aussi près de la pointe de Mull que nous pourrons en approcher, monsieur, et même alors nous aurons la terre qui nous empêchera de profiter de la brise, et cela à un jet de pierre sous le vent… Bref, nous y sommes, et nous pourrons aussi bien nous y briser.

Aussitôt il donna un ordre à l’homme de barre et envoya M. Riach à la hune de misaine.

Il n’y avait sur le pont que cinq hommes, y compris les officiers. C’étaient les seuls qui fussent en état de manœuvrer, je veux dire les seuls à le pouvoir et à le vouloir, et sur ces cinq, il y en avait deux de blessés.

Par suite, comme je l’ai dit, M. Riach reçut l’ordre de grimper dans la mâture où il s’installa pour surveiller les environs, et crier à ceux du pont des indications sur ce qu’il pouvait voir de nouveau.

— Au sud, la mer est forte, cria-t-il.

Puis, il cria de nouveau, après un silence.

— Elle paraît un peu plus apaisée vers la terre.

— Eh bien, monsieur, nous allons essayer de la route que vous nous indiquez. Mais je crois que je pourrais tout aussi bien m’en rapporter à un violoneux aveugle. Plaise à Dieu que vous ayez raison !

— Plaise à Dieu que j’aie raison, me dit Alan, mais où donc ai-je entendu dire cela ? Bah ! ce qui doit être sera.

À mesure que nous nous rapprochions du contour de la terre, les récifs apparurent de plus en plus nom-