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ROMANS ET NOUVELLES

— Mais, au milieu de toute cette belle discussion pour vaincre les répugnances de Féder, et l’engager à s’occuper de notre portrait, nous avons oublié l’essentiel : Valentine, avec ses idées de couvent, va éprouver de la répugnance, j’en suis convaincu, à aller à son atelier de la rue Fontaine-Saint-Georges.

— Quoi ! il faudra aller chez M. Féder ! s’écria Valentine déjà troublée.

— D’abord, ce n’est pas chez lui, et l’endroit où ton mari te conduira est à un quart de lieue de l’appartement qu’il habite ; c’est un amour d’atelier ; de ta vie tu n’auras vu rien de semblable ; mais Boissaux et moi nous avons des affaires, je veux lui faire gagner les frais de son voyage à Paris, et ces longues séances dans l’atelier d’un peintre sont du temps perdu.

— Comment ! s’écria Boissaux, avec mon déboursé de soixante beaux napoléons, il faudra encore que moi, Jean-Thomas Boissaux, vice-président du tribunal de commerce, j’aille perdre mon temps chez ce petit peintre !

Valentine fut vivement choquée de cette façon de parler de M. Féder. Delangle répondit durement à son beau-frère :

— Et d’où diable sortez-vous ? Il a refusé