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contre Spatolino, quatre de ses compagnons et le gendarme ; sa femme fut condamnée à quatre ans d’emprisonnement, et les quatre autres brigands le furent à dix et vingt ans de travaux forcés. Quand l’arrêt fut prononcé, Spatolino rappela au président la promesse qu’il lui avait faite, et obtint la permission de s’entretenir pendant une heure et demie avec sa femme : il profita de cette entrevue pour lui indiquer le lieu qui recélait ses trésors ; ensuite, il demanda qu’on voulût bien exécuter la sentence dans la prison même pour éviter les avanies qu’il redoutait sur son passage, si on le conduisait à la Bocca di Verità, place où l’on exécute les condamnés. Il déclara qu’il ne voulait pas voir de prêtre, et que si quelqu’un d’eux osait violer la consigne, il serait incontinent assommé. On rit de cette menace, mais elle était sérieuse ; et en effet, Spatolino détacha les briques de la cheminée et les amoncela auprès de la porte, déterminé à frapper le téméraire qui s’aviserait d’en franchir le seuil. Il faut savoir, qu’à Rome, les prisonniers au secret ne sont pas garrottés, et qu’ils peuvent agir et marcher en liberté dans la chambre qui les renferme ; c’est ce qui permit à notre prisonnier de faire ainsi ses préparatifs de défense. Les geôliers ayant es-