Page:Stendhal - Romans et Nouvelles, I, 1928, éd. Martineau.djvu/172

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

CHAPITRE IX




E
n quittant l’abbé le jeune duc était amoureux de Kœnigsberg. Il courut tous les libraires pour trouver un voyage en Prusse, qu’il ne trouva point, et enfin, ce soir-là, fut obligé de se contenter de l’article d’un dictionnaire de géographie. Il monta à son cercle et s'établit devant la carte de Prusse.

De toute la soirée il ne dit mot, et de tout ce qu’on lui dit un seul mot l’intéressa :

— Votre père, mon cher duc, lui dit un général membre du cercle en le trouvant placé devant cette carte de Prusse, fit une charge superbe à la bataille de Heilsberg dans cet angle formé par la                                                   [1] et pendant huit jours l’Empereur ne parla que de lui.

« J’irai voir ce champ de bataille, se dit Léon, si notre affaire si romanesque jusqu’ici vient à bien et, si je vends une terre, ce sera pour en acheter une autre sur ce champ de bataille de Heilsberg. J’y ferai

  1. En blanc dans le manuscrit. N.D.L.E.