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ROMANS ET NOUVELLES

et obtenu. Il avait converti M. le baron de Vintimille et sa famille, il aspirait à convertir Mina. M. l’abbé de Miossince était honnête homme sans doute, mais avant d’être honnête homme il désirait les succès de sa robe. Après une jeunesse dont l’histoire était parfaitement inconnue, l’abbé de Miossince avait débuté dans le monde avec six mille livres de rente et s'était promis de remettre publiquement à l’administration laïque d’un hospice tout ce que le hasard pourrait jamais lui donner d’argent au delà de ces six mille francs. Cette âme patiente, tranquille, immuable dans ses projets, n'avait qu’une ambition, qu’un plaisir au monde : celui de lutter avec ses simples forces contre l’irréligion et l’indifférence répandues en France.

M. de Miossince était un homme fort bien fait, [il] avait une taille gracieuse et fort bien prise, ses cheveux blonds très agréablement arrangés commençaient à être mêlés de blanc, il aurait eu une figure expressive si elle n'avait été cruellement maltraitée par la petite vérole. La couleur générale de sa conversation, toujours pleine de mesure, était celle d’un homme d’infiniment d’esprit qui, pour certaines raisons, ne dit pas tout ce qu’il sait.

Beaucoup de prêtres le blâmaient de ne