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RACINE ET SHAKSPEARE

dès ma plus tendre enfance sur l’autorité des rois. C’est ce qui a causé tous les malheurs de ma vie. » (Livre XIII.)

Au lieu de devenir semblables et de se rapprocher, ils s’éloignent sans cesse davantage. S’ils se ressemblent encore un peu, par timidité, c’est qu’ils n’osent pas écrire tout ce que leur âme de feu leur suggère.

Je n’ose conduire le lecteur à l’amphithéâtre du Jardin des Plantes ; il serait peut-être indiscret de lui proposer ensuite un petit voyage en Saxe, suivi d’une course de deux mois dans les Calabres. Si cependant il voulait étudier ainsi la littérature, au lieu de lire tous les deux ans, dans le philosophe à la mode, une nouvelle explication du beau, il conclurait bientôt, de mille faits observés, qu’il est des tempéraments divers et que nen ne diffère davantage que le flegmatique habitant de Dresde et le bilieux coquin de Cosenza.

Je lui dirais alors, ou plutôt il se dirait, ce qui vaut bien mieux, que le beau idéal de ces gens-là diffère ; et six mois ou un an après, il arriverait enfin à cette proposition énorme et qui lui semble si baroque aujourd’hui.

Chaque homme aurait, s’il y songeait bien, un beau idéal différent.

Il y a autant de beaux idéals que de formes de nez différentes ou de caractères différents.

Mozart, né à Salzbourg, a travaillé pour des âmes flegmatiques, mélancoliques et