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DE LA LANGUE ITALIENNE

qui, sous Louis XIV, aient eu une pensée indépendante, les Solitaires de Port-Royal, faire la grammaire de la langue française. Les philosophes les plus froids, les plus graves, les plus inaccessibles aux préjugés et aux passions ont successivement proposé leurs doutes, éclairci les points litigieux. Ils faisaient sortir leurs décisions de ce qu’il y a de plus profond dans l’histoire de l’entendement humain. Pour ne parler que des vivants, les comtes Garat, Volney, Tracy[1], MM. Maine de Biran et De Gérando ont perfectionné la grammaire française. Je crois que tous ces sages philosophes seraient bien embarrassés de faire deux vers passables. Ces philosophes ont étudié l’histoire de la langue dans l’histoire de la nation, et c’est à leur exemple et suivant les préceptes les plus simples de la raison que nous croyons que pour avoir voix délibérative dans la grande dispute sur laquelle l’illustre auteur nous présente un mezzo-termine, il faut commencer par se rappeler l’histoire de Florence avec l’abréviateur Pignotti et celle de Milan avec notre excellent Verri.

L’illustre auteur, absorbé dans les images sublimes que ses magnifiques poèmes ont révélées à l’Europe, paraît avoir un peu négligé les données historiques.

Mais ce ne sont pas encore les plus indis-

  1. Connu en Lombardie par l’excellente traduction que nous devons à M. le cav. Compagnoni, homme de lettres digne non pas de traduire, mais de composer des ouvrages originaux.