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RACINE ET SHAKSPEARE

sang-froid, tant de philosophie, faut de force de tête qu’une nation fière de sa langue, que la nation française n’a pas négligé les secours d’un italien, de M. l’abbé Scoppa. M. Louis Bonaparte ayant fondé un prix[1]

Depuis l’an 1535 que Florence perdit sa liberté jusqu’aux jours heureux que l’Italie dut aux Léopold et aux Joseph II et aux autres princes de l’auguste maison d’Autriche, on peut avancer qu’un jeune littérateur italien ne fut jamais dans la situation d’écrire clairement sur un sujet intéressant. Dès qu’un sujet intéressait vraiment le public, enflammait les âmes, il était défendu d’en parler ; en revanche, nos littérateurs étaient sans cesse portés à écrire avec érudition et élégance sur quelque niaiserie littéraire. Par exemple…

Or l’élégance devient bientôt la chose la plus ridicule du monde, dans les pays où la majeure partie des littérateurs n’écrit pas habituellement sur des sujets également intéressants pour l’écrivain et pour le lecteur. De 1535 à 1770, écrire n’était plus en Italie un moyen de sfogar son âme pour le jeune homme tourmenté de ses idées, et par conséquent, lire n’était plus un moyen de se soulager pour l’âme oppressée de ses chagrins.

Quel non aver scrittori portati dal fuoco

  1. Louis Bonaparte, roi de Hollande, avait fait mettre au concours, en 1813, par l’Institut la question de savoir quelles difficultés empêchent de faire des vers français sans rimes. L’abbé Autonio Scoppa obtint le prix. N. D. L. É.