Page:Stendhal - Racine et Shakespeare.djvu/248

Cette page a été validée par deux contributeurs.
211
DE LA LANGUE ITALIENNE

langue italienne ? Rien de plus facile à résoudre que ce problème si nous ne rencontrions pas sous nos pas une race de privilégiés, ou si nous avions le courage de ne faire attention qu’aux droits et non pas aux privilèges, si nous voulons pour un instant ne pas plus respecter Florence que Milan.

Où prendre le génie particulier de la langue italienne ? Rien de plus simple. Faites comme les Français. Prenez ce qu’il y a de commun dans la langue qu’ont écrite Le Tasse, l’Arioste, le Dante, Pétrarque, Monti, Alfieri, Machiavel, Boccace, Métastase, Bembo, Casa, Genovesi, Foscolo, Vico, Parini, Beccaria, les Verri, les Gozzi, le Pindemonti, Cuoco, Mario Pagano, Goldoni, Algarotti, Guicciardino, Davila, Pignotti, l’Aretino, Spallanzani, Baretti et cent autres.

Tous ces hommes illustres dont les noms se pressent dans ma mémoire, n’ont-ils donc pas fourni un dictionnaire suffisant pour que vous puissiez, en vous servant des mots et des tournures qui remplissent leurs ouvrages, exprimer vos pensées ?

— Ha ! ce n’est pas de cela qu’il s’agit me dit mon ami, que dira-t-on de mon style à Florence ? Vous voyez Monti, vous voyez le plus grand homme que possède l’Italie trembler devant l’armée des pédants.

— Les pédants, est-ce qu’ils ne sont pas méprisés en Italie, comme en Angleterre et comme en France ?

— Méprisés ! Prenez garde qu’on ne nous