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SECONDE PARTIE

au moyen de laquelle on est sûr d’avoir des chefs-d’œuvre. Je vois avec plaisir que vous ne croyez pas qu’un système dramatique quelconque soit capable de créer des têtes comme celles de Molière ou de Racine. Assurément, monsieur, je n’approuve pas votre théorie, mais enfin je crois la comprendre. Il me reste toutefois bien des obscurités et bien des questions à vous faire. Par exemple, quel serait, suivant vous, le point extrême du succès du genre romantique ? Faut-il absolument que je m’accoutume à ces héros repoussés d’avance par le législateur du Parnasse,

Enfants au premier acte, et barbons au dernier ?

Je suppose un instant que les bonnes traditions s’éteignent, que le bon goût disparaisse, en un mot, que tout vous réussisse à souhait, et que le grand acteur qui succédera à Talma veuille bien, dans vingt ans d’ici, jouer votre tragédie en prose, intitulée la Mort de Henri III. Quel sera, dans votre idée, le point extrême de cette révolution ? Oubliez avec moi toute prudence jésuitique, soyez franc dans vos paroles comme l’Hostpur de votre Shakspeare, dont, à propos, je suis fort content.

Je suis, etc.