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RACINE ET SHAKSPEARE

Comment faire oublier à nos élèves en droit ce code de la littérature ? Attendre qu’il soit usé ? Mais alors il faut perdre trente ans. Je ne vois qu’une ressource : il faut le refaire, il faut présenter à l’avide vanité de nos jeunes gens seize volumes de jugements tout faits sur toutes les questions littéraires qu’on est exposé à rencontrer dans les salons.

Mais, me dites-vous, prêchez une doctrine saine, lumineuse, philosophique, et vous ferez oublier les phrases de Laharpe. — Pas du tout. La pauvre littérature éprouve le malheur qu’il y a d’être à la mode : les gens pour qui elle n’est pas faite veulent à toute force en parler.

Ici, monsieur, j’éprouve la vive tentation d’ajouter vingt pages de développements. Je voudrais foudroyer les intolérants classiques ou romantiques, donner les principales idées d’après lesquelles, dans mon nouveau Cours de littérature en seize volumes, je jugerai les morts et les vivants, etc.[1]. Ne craignez rien toutefois,

  1. 1o Jamais de combats sur la scène, jamais d’exécutions ; ces choses sont épiques et non dramatiques. Au dix-neuvième siècle le cœur du spectateur répugne à l’horrible, et lorsque, dans Shakspeare, on voit un bourreau s’avancer pour brûler les yeux à de petits enfants, au lieu de frémir, on se moque des manches à balai peints en rouge par le bout, qui jouent le rôle de barres de fer rougies.

    2o Plus les pensées et les incidents sont romantiques (calculés sur les besoins actuels), plus il faut respecter la