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LETTRE VIII

Le Romantique au Classique.


Andilly, le 3 mai 1824



Vous me dites, monsieur, que je ne trouve de raisons que pour détruire ; que jamais je ne m’élève au-dessus du facile talent de montrer des inconvénients. Vous m’accordez que les journaux libéraux mènent la jeunesse ; que le Journal des Débats, tout en jugeant Shakspeare et Schiller sans les avoir lus, égare l’âge mûr, qui, comme la jeunesse, n’aime point à lire des chefs-d’œuvre nouveaux qui donneraient la fatigue de penser, mais veut aussi des phrases toutes faites. Le genre dramatique, celui de tous qui a le plus illustré la France, est stérile depuis bien des années ; l’on ne traduit à Londres et à Naples que les charmantes pièces de M. Scribe ou les mélodrames. Que faut-il faire ?

1o Confier l’exercice de la censure à des hommes doux et raisonnables, qui per-