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SECONDE PARTIE

dans un respect religieux pour d’antiques doctrines s’effrayent des progrès de la secte naissante, et semblent demander qu’on les rassure… Le danger n’est pas grand encore, et l’on pourrait craindre de l’augmenter en y attachant trop d’importance… Mais faut-il donc attendre que la secte, entraînée elle-même au delà du but où elle tend, en vienne jusque-là qu’elle pervertisse par d’illégitimes succès cette masse flottante d’opinions dont toujours la fortune dispose[1] ? »

Trouvera-t-on de l’inconvenance à voir un homme obscur examiner un peu quels ont été les succès légitimes ou non de la masse flottante qui compose la majorité de cette Académie ? Je saurai me garantir de toute allusion maligne à la vie privée des auteurs dont j’attaque la gloire ; ces armes avilies sont à l’usage des faibles. Tous les Français qui s’avisent de penser comme les romantiques sont donc des sectaires[2]. Je suis un sectaire. M. Auger, qui est payé à part pour faire le Dictionnaire, ne peut ignorer que ce mot est odieux. Je serais en droit, si j’avais l’urbanité de M. de Jouy, de répondre à l’Académie par quelque parole malsonnante ;

  1. Pages 2 et 3 du Manifeste.
  2. Sectaire. Ce mot est odieux, dit le Dictionnaire de l’Académie.