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RACINE ET SHAKSPEARE

à Paris, pendant vingt ans, du Roman historique ; l’Académie a prouvé doctement le ridicule de ce genre, nous y croyions tous, lorsque Walter Scott a paru, son Wawerley à la main ; et Balantyne, son libraire, vient de mourir millionnaire. La seule barrière qui s’interpose entre la caisse du théâtre et d’excellentes recettes, continua le directeur, c’est l’esprit des grandes Écoles de droit et de médecine, et les journaux libéraux qui mènent cette jeunesse. Il faudrait un directeur assez riche pour acheter l’opinion littéraire du Constitutionnel et de deux ou trois petits journaux ; jusque-là, auquel de nos théâtres conseilleriez-vous de monter un drame romantique en cinq actes et en prose intitulé la Mort du duc de Guise à Blois, ou Jeanne d’Arc et les Anglais, ou Clovis et les évêques ? Sur quel théâtre une telle tragédie pourrait-elle arriver au troisième acte ? Les rédacteurs des feuilles influentes qui ont, la plupart, des pièces en vers au courant du répertoire ou en répétition, laissent passer le mélodrame à la d’Arlincourt, mais ne souffriront jamais le mélodrame écrit en style raisonnable. S’il en était autrement, croyez-vous que nous n’aurions pas essayé le Guillaume Tell de Schiller ? La police en ôterait un quart, un de nos arrangeurs