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RACINE ET SHAKSPEARE

sous le rapport de la hardiesse et de la censure, cette esquisse vaut autant pour mon raisonnement que la comédie en cinq actes la plus étoffée. Le vaudeville de Vingt-cinq ans d’entr’acte aurait-il pu être joué en 1811 sous Napoléon ? M. Étienne et tous les censeurs de la police impériale n’auraient-ils pas frémi à la vue du jeune paysan illustré par son épée dans les campagnes de la Révolution, fait duc de Stettin par Sa Majesté l’empereur, et s’écriant, lorsque sa fille veut épouser un peintre : « Jamais, non, jamais l’on ne s’est mésallié dans la famille des Stettin ? » Qu’aurait dit la vanité de tous les comtes de l’Empire ?

L’exil à quarante lieues de Paris eût-il paru suffisant à M. le duc de R*** pour l’audacieux qui se fût permis cette phrase ?

Toutefois, monsieur le poëte comique, si dans cette même année 1811, au lieu de gémir platement et impuissamment sur l’arbitraire, sur le despotisme de Napoléon, etc., etc., etc., vous aviez agi avec force et rapidité, comme lui-même agissait ; si vous aviez fait des comédies dans lesquelles on aurait ri aux dépens des ridicules que Napoléon était obligé de protéger pour soutenir son Empire français, sa nouvelle noblesse, etc., moins de quatre ans après elles eussent trouvé