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SECONDE PARTIE

Comment faire pour vous citer des exemples ?

Je ne nierai point que l’on ne puisse créer de belles choses, même aujourd’hui, en suivant le système classique ; mais elles seront ennuyeuses.

C’est qu’elles seront en partie calculées sur les exigences des Français de 1670, et non sur les besoins moraux, sur les passions dominantes du Français de 1824. Je ne vois que Pinto qui ait été fait pour des Français modernes. Si la police laissait jouer Pinto, en moins de six mois le public ne pourrait plus supporter les conspirations en vers alexandrins. Je conseille donc aux classiques de bien aimer la police, autrement ils seraient des ingrats.

Quant à moi, dans ma petite sphère, et à une distance immense de Pinto et de tout ouvrage approuvé du public, j’avouerai d’abord que, manquant d’occupations plus sérieuses depuis 1814, j’écris comme on fume un cigare, pour passer le temps ; une page qui m’a amusé à écrire est toujours bonne pour moi.

J’apprécie donc autant que je le dois, et plus que personne, toute la distance qui me sépare des écrivains en possession de l’admiration publique et de l’Académie française. Mais enfin, si M. Villemain ou M. de Jouy avaient reçu par la petite