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PRÉFACE

les cordons et les plaques. Enfin, ce qui sauve les discours à l’Institut, c’est qu’il y a spectacle. Mais vous, mon cher, si vous ne trouvez pas d’autre manière de commencer votre pamphlet que de citer M. Auger, vous êtes un homme perdu. »

Deux de nos amis, que nos voix plus animées avaient tirés de la rêverie, ajoutent : « Ah ! c’est bien vrai. » L’avocat reprend : « Comprenez donc que des phrases académiques sont officielles, et partant faites pour tromper quelqu’un ; donc il y a inconvenance à les lire en petit comité, et surtout entre gens de fortunes égales. »

Ah ! répondis-je, le Constitutionnel m’avait bien prévenu, si j’avais su le comprendre, que M. Auger était un critique sage et froid (no du 26 avril), il aurait dû dire très-froid, à l’effet qu’il produit sur vous ; car enfin, messieurs, à l’exception du titre de mon pamphlet, je ne vous ai pas encore lu une phrase de mon cru, et je ne vous en lirai point ; je vois que toute réfutation est impossible, puisque, rien qu’en exposant les raisons de ma partie adverse, j’endors le lecteur. Allons chez Tortoni, il est de mon devoir de vous réveiller, et certes je ne vous dirai plus un mot de littérature ; je n’ai ni jolies femmes ni grands cordons pour soutenir votre attention.