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RACINE ET SHAKSPEARE

sur le ridicule, un nuage sombre se répandre sur vos physionomies, d’ordinaire si épanouies. Je devine l’idée qui traverse vos esprits ; vous vous souvenez de certains pamphlets publiés par un Vigneron, et qui ne tendent à rien moins qu’à déconsidérer tout ce qu’il y a au monde de plus respectable, tout ce qu’il y a de considérable parmi les hommes, je veux dire les choix de l’Académie des Inscriptions et l’admission si mémorable dans ce corps savant de MM. Jomard et le Prévot-d’Iray[1]. N’en doutez point, messieurs, le monstre du Romantisme ne respecte aucune décence. De ce qu’une chose ne s’est jamais faite, il en conclut, et j’en frémis, non qu’il faut soigneusement s’en abstenir, mais, au contraire, qu’il sera peut-être piquant de la tenter ; de quelque respectable costume qu’un homme de lettres soit parvenu à se revêtir, il osera s’en moquer. Ces malheureux romantiques ont paru dans la littérature pour déranger toutes nos existences. Une fois nommé, qui eût dit à notre collègue le Prévot-d’Iray qu’on irait lui demander le Mémoire couronné qu’il jura de ne jamais imprimer ?

  1. Cf. Lettre à Messieurs de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres de P.-L. Courier. N. D. L. É.