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PENSÉES

admiration qu’un motif de rêve ou d’analyse, qu’un rappel des anciens développements d’un auteur de chevet, qu’un point de départ pour des discussions futures. D’aucuns ont même voulu en faire un tremplin pour des exercices plus graves encore, et, parmi eux, s’est rangé Stendhal lorsqu’il a écrit quelque part : « J’aime beaucoup les recueils de pensées morales, même médiocres ; elles me font faire une espèce d’examen de conscience. » La différence, c’est que les pensées morales n’ont ici rien de médiocre puisqu’elles sont signées Henri Beyle, et, qu’au demeurant, ce sont bien moins des « pensées morales » que des impressions toutes personnelles, des notations d’une sensibilité aigüe qui cherchait surtout à satisfaire sa passion de curiosité sans vouloir la traduire en maximes affiliées à un système de morale ou de philosophie.

La pensée de Stendhal a ceci de particulier, en effet, qu’elle demeure toujours, même lorsqu’elle tend à l’objectivité, l’expression d’un sentiment tout personnel, né la plupart du temps d’une simple