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de ses jambes. Plus il veut fuir avec rapidité, moins il a la force de le faire. Et de là naît son extrême angoisse. Il faut au contraire beaucoup de force et même d’agilité pour se bien tirer des grimaces de Pacini ; il n’a qu’un beau geste, c’est le frissonnement que lui cause la voix du Commandeur. Aussi le public l’applaudit-il chaque soir. (Ici des louanges.)

Si jamais il arrive que le rôle de Leporello soit chanté, le public découvrira un air délicieux. C’est celui qui exprime les diverses qualités que le connaisseur don Juan aime dans les femmes :

Vuol d’estate la magrotta

L’orchestre se tire mieux de la partition de don Juan que la première fois. Cependant il n’a pas encore le nerf et le brio qui rendent celui de Naples le premier orchestre du monde. Il joue toujours comme s’il accompagnait, mais lorsque l’on n’a pas la voix à ménager il faut enlever les ritournelles avec feu, et marquer ferme tous les détails d’orchestre qui chez Mozart ajoutent tellement à l’expression des paroles. Je puis me tromper, mais en général l’expression me paraît molle et souvent indécise. Au reste la musique de Mozart est tellement difficile que l’indulgence