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était souvent, pour un opprimé, le seul moyen de se venger de la tyrannie d’un grand seigneur ou d’un abbé en crédit.

Les Colonna et les Orsini possédaient presque en totalité les terres aux environs de Rome. Ces deux familles puissantes étaient ennemies l’une de l’autre, depuis près de deux siècles. En se faisant une guerre acharnée, en cherchant réciproquement à se détruire, elles achevaient la dévastation de la campagne de Rome, si bien commencée par les barbares, et la réduisaient à l’état de dépopulation et d’insalubrité où nous la voyons maintenant. Toute la noblesse, sous les ordres des redoutables condottieri, suivait le parti des Colonna ou celui des Orsini. Sixte-Quint parvint à les réconcilier, en se les attachant ; c’était assurer de plus en plus son autorité. Ce pape, homme d’esprit et de tête, avait deux petites nièces ; il maria l’une à l’aîné de la maison Colonna, et l’autre à l’aîné de la maison Orsini. La rivalité des Orsini et des Colonna datait du pontificat de Boniface VIII (1294), auquel les Orsini avaient procuré la tiare.

Toute l’Italie a été simultanément ou tour à tour infestée de brigands ; mais c’est principalement dans les États du Pape et dans le royaume de Naples, qu’ils