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généralement de quatorze à dix-sept ans.

La cérémonie se termine par une longue procession ; les jeunes filles y sont uniformément vêtues de serge blanche, voilées, portant leur cédule à la ceinture, marchant deux à deux, ayant un cierge à la main. Deux ecclésiastiques marchent en tête de chaque fondation.

Les jeunes filles qui préfèrent le couvent à un mari reçoivent une dot plus forte, portent à la procession une couronne sur la tête, un rosaire et un grand crucifix au côté, et marchent les dernières. Quelquefois, il y a des filles dotées qui ne veulent pas être connues, et qui en font aller d’autres à leur place, en les payant pour figurer à la procession.

La distribution des dots n’étant soumise à aucune règle certaine et ne dépendant que du caprice de ceux qui les distribuent, on conçoit aisément la large part que l’intrigue doit obtenir. Une fille qui s’en passerait facilement en accumule souvent plusieurs, dans différentes églises, par le moyen de ses protecteurs, et se forme un établissement avantageux au préjudice de dix autres. Dès qu’elle s’est acquis la protection des gens d’un cardinal, la jeune fille ne veut plus rien faire, et passe son temps à la fenêtre à regarder les passants.

Ainsi, à Rome, une jolie fille de la classe