Page:Stendhal - Pages d’Italie.djvu/245

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’Anglais. Je n’aime ni ne hais aucune nation plus que les autres. Les Russes desquels Napoléon disait : « Ouvrez le jabot de ce Russe si bien mis, qui paraît à ma cour, écartez sa chemise et vous apercevrez le poil de l’ours », les Russes dont l’enfance est entourée d’esclaves, les Russes, encore si barbares au fond, sont adorés à Florence, où ils étaient, il y a trois mois, au nombre de quatre ou cinq cents, tandis que les Anglais y sont vus du même œil qu’à Rome. À Rome et à Florence, toutefois, l’argent est adoré, à la lettre, et le peuple dit, en parlant des Anglais : ne hanno (ils en ont), par excellence, et sans prononcer la parole or.

Les Anglais auraient à Rome des facilités particulières pour former des liaisons avec la société. La plus jolie femme de Rome a épousé un Anglais, le savant M. Dodwell. Mais l’Italien est nerveux et sensible, avant tout, et l’Anglais, en Italie, porte toujours la méfiance sculptée sur sa figure. Mon but, en écrivant ces pages sévères, est que les jeunes Anglais qui les parcourront, avant de partir pour l’Italie, se guérissent de cette apparence de méfiance et surtout se gardent bien de se permettre à Rome, des insolences qu’ils éviteraient soigneusement dans les royaumes unis. C’est la force qui est tout a Rome, le respect